Orthodontie systémique

Avec l’approche systémique des malocclusions, telle que décrite dans l’ouvrage de Jean-Louis RAYMOND, le diagnostic orthodontique fait un grand pas vers un véritable diagnostic médical.

Jusqu’à ce jour, la classification d’ANGLE, énoncée à la fin du XIX ° siècle et basée sur les rapports mésio-distaux des premières molaires, en a tenu lieu. Certes, la céphalométrie, et en particulier l’analyse architecturale et structurale de Jean DELAIRE, nous a permis de préciser les caractéristiques squelettiques des classes d’ANGLE et d’en décrire les différentes formes anatomocliniques mais le diagnostic, basé sur des constats morphologiques, reste descriptif et ne permet pas, sauf dans quelques rares cas, d’aborder l’étiopathogénie des différents syndromes inclus dans les classes d’ANGLE.Or nous savons qu’un organe revêt tout son sens non pas au travers de sa morphologie mais par la ou les fonctions qu’il exerce au sein de l’organisme.Cet aspect des pathologies orthodontiques n’a pas échappé à la profession qui, depuis bien longtemps, s’intéresse aux diverses fonctions de la sphère oro-faciale : ventilation tout d’abord – à juste titre – mais aussi fonctions linguales, labiales, articulation du langage, postures linguales ou cranio-rachidiennes…

Toutes ont bénéficié de travaux importants, voire de livres entiers, toutes sauf une, la mastication. Et pourtant, quand on considère l’évolution et la révolution, qu’a représenté pour la nutrition des vertébrés l’apparition de la cavité buccale équipée d’arcades dentaires, on reste confondu devant le mépris dans lequel on a maintenu cette fonction princeps à laquelle la plupart des autres sont asservies et qui donne tout son sens au système dentaire.Fonction complexe, architecte à la sensibilité exigeante et raffinée, tant des arcades dentaires que des condyles temporo-mandibulaires ou du plan d’occlusion et qui, de plus, étend son influence à une partie importante du squelette facial, elle mérite toute notre attention.

Son dysfonctionnement a toujours un retentissement, morphologique chez l’enfant, souvent parodontal chez l’adulte. Sa sémiologie, parfaitement étudiée dans cet ouvrage, est basée sur l’analyse de la « cinématique mandibulaire », mot clef de l’analyse fonctionnelle masticatrice. Son examen vient non seulement compléter la sémiologie de la malocclusion mais nous éclairer sur son étiopathogénie et son pronostic : – en précisant, le cas échéant, la nature de la dysfonction masticatrice associée- et, point très important, en révélant la morphologie et l’orientation du plan d’occlusion.

Il permettra le choix des moyens thérapeutiques à mettre en œuvre, à en contrôler leur efficacité en sachant que, fait particulier à l’orthodontie systémique -la priorité étant donnée à la fonction-, tous les protocoles de traitement débutent par la réorientation du plan occlusal. In fine, la cinématique mandibulaire nous permettra d’apprécier la réhabilitation de l’organe que nous avons en charge et donc la guérison du patient.Par son apport considérable à la précision du diagnostic et du traitement et au même titre que l’examen morphologique clinique ou céphalométrique, il va de soi que cet examen doit désormais faire partie intégrante de l’observation du patient.

Il nous faut saluer l’apport considérable de Jean-Louis RAYMOND à la spécialité orthodontique. Ce dernier intègre et prolonge les travaux de Pedro PLANAS le découvreur de la physiologie de la mastication. Son apport au diagnostic permettra, sans aucun doute, d’identifier les malocclusions à des maladies orthodontiques précises comme le souhaitait Michel CHATEAU et donc leur classification satisfaisante. Dr. Jacqueline KOLF – Juin 2021